Comment vaincre l’illettrisme ?

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Aujourd’hui, en France, quatre écoliers sur dix sortent du CM2 avec de graves lacunes : cela représente 300 000 élèves chaque année. Près de 200 000 d’entre eux ont des acquis fragiles et insuffisants en lecture, écriture et calcul et plus de 100 000 n’ont pas la maîtrise des compétences de base dans ces domaines. Et la situation va en se dégradant depuis 15 ans. Or, toutes les études montrent qu’un élève entrant en 6ème avec des lacunes en lecture/écriture/calcul a de grandes chances de décrocher.

CONSTAT

L’école primaire est le maillon faible de notre système éducatif. C’est là que se créent les difficultés qui risquent de s’accroître tout au long du parcours scolaire de l’élève. Les problèmes du collège, comme ceux du lycée, et à présent ceux du premier cycle universitaire, prennent racine à l’école primaire, et plus précisément lors du cycle 2 (Grande Section, CP, CE1).

Aujourd’hui, 40% des élèves sortent de l’école primaire avec des bases trop fragiles, 15% sont illettrés et le resteront. On les retrouve en effet à la sortie du système, sous la forme des 20% de sorties sans aucune qualification (160 000 jeunes par an). De plus, les performances de notre système se dégradent continûment depuis une vingtaine d’années1, en valeur absolue et relativement aux autres pays. Les tests PISA, évaluant les compétences en compréhension de l’écrit, culture mathématique et scientifique des élèves des pays de l’OCDE, en témoignent : la France perd à chaque nouveau test PISA des places dans le classement des nations.

CE QUE NOUS AVONS DEJA FAIT

Le Gouvernement a engagé une plusieurs réformes capitales :

- la réforme des programmes de l’école primaire qui ont été recentrés sur les fondamentaux (orthographe, grammaire, conjugaisons, calcul mental). Par leur contenu, leur précision et la progression qu’ils prévoient, ces nouveaux programmes fournissent le point d’appui nécessaire d’un enseignement qui renoue avec l’exigence.

- de nouveaux dispositifs pour assurer la réussite de tous les élèves : accompagnement éducatif après la classe entre 16h et 18h (147 014 élèves d’écoles élémentaires de l’éducation prioritaire et 725 434 collégiens en 2008-2009), stages de remise à niveau pour les CM1 et CM2, stages d’anglais gratuits proposés aux lycéens depuis février 2009.

- la masterisation de la formation des enseignants, désormais recrutés à BAC+5 afin d’élever leur niveau de qualification. Les études indiquent en effet que le niveau de formation des enseignants est un facteur important de réussite des élèves. En outre, le salaire de début de carrière a été revalorisé grâce à un effort inédit de 410 millions d’euros pour les enseignants (soit une prime annuelle d’entrée dans le métier de 1 500 € et une augmentation de 500 € par an de la rémunération d’un enseignant qui effectue 3 heures supplémentaires par semaine).

- la réforme du lycée destinée à favoriser une orientation progressive et à rééquilibrer les filières au profit de la filière littéraire et à mieux accompagner les lycéens vers la réussite grâce à la mise en place, à tous les niveaux, de deux heures d’accompagnement personnalisé (soutien, approfondissement, aide à la constitution d’un projet d’orientation).

QUELLES PISTES D’ACTION POUR 2012

> Faut-il instaurer, à la fin du CM2, une «validation des savoirs fondamentaux » afin de vérifier que tous les élèves qui passent en 6ème savent lire, écrire, compter ?
Aucun enfant ne devrait entrer en 6ème sans maîtriser les bases nécessaires au suivi d’une véritable scolarité au collège. Afin de stopper une fois pour toutes à l’entrée au collège l’effet boule de neige qui fait qu’un enfant traine ses difficultés de classe en classe, d’établissement en établissement, et les voit fatalement et irrémédiablement s’aggraver, pourquoi ne pas mettre un place un « sas » d’entrée au collège qui consisterait en une année d’enseignement supplémentaire, un « CM3 », ou en une sixième aménagée en cas d’échec à la « validation des savoirs fondamentaux »?

> Faut-il étendre des expérimentations de stimulation langagière pour les enfants de 18 à 30 mois ?

Dans les crèches et les écoles maternelles, en partenariat très étroit avec les municipalités, nous pourrions favoriser la diffusion et l’application des programmes de stimulation langagière précoce (par exemple le programme « Parler Bambin », expérimenté à Grenoble). L’objectif de ce genre de programmes est d’améliorer l’acquisition des compétences langagières des enfants de 18 à 30 mois. Cette initiative s’inspirerait de programmes de prévention précoce de l’échec scolaire mis en oeuvre aux États-Unis et au Canada, dont les effets positifs ont été démontrés.

> Comment assurer l’usage de méthodes d’enseignement efficaces ?
Pour un programme donné, les méthodes pédagogiques et plus globalement les pratiques des enseignants dans la classe sont un des facteurs principaux d’amélioration des performances scolaires des élèves. Il s’agit donc de mettre en oeuvre - en particulier pour les matières les plus fondamentales (lecture, écriture, calcul) - des méthodes d’enseignement plus efficaces.
Elles existent et sont connues. Des expérimentations réalisées en France sous le pilotage de la Direction Générale de l’Enseignement Scolaire (DGESCO) ont en effet permis de prouver l’efficacité des méthodes dites « directes et structurées », centrées sur l’apprentissage systématique du code alphabétique et les exercices répétitifs. Ces méthodes ont permis, là où elles ont été appliquées, une réduction par deux de l’échec scolaire en seulement trois ans.

Pour assurer la mise en oeuvre concrète de méthodes efficaces, plusieurs types d’action peuvent être mobilisés :

> Mobilisation des recteurs, des inspecteurs d’académie et des directeurs d’école. La proportion d’élèves lecteurs en fin de CE1 pourrait devenir le critère principal de leur évaluation.

> Sélectionner et mettre à disposition les bonnes pratiques. Mettre à la disposition immédiate des acteurs des recueils de bonnes pratiques et de méthodes éprouvées par l’expérience.

> Orienter la formation initiale des nouveaux professeurs des écoles afin qu’elle permette l’apprentissage de ces méthodes. Elles ne seraient pas présentées aux apprentis professeurs comme des méthodes parmi d’autres, mais comme les méthodes les plus efficaces.

Secrétaires Nationaux responsables :
- Jean-Claude Carle (Secrétaire national en charge de l’enseignement privé et de l’enseignement sous contrat)
- Claude Greff (Secrétaire nationale en charge des écoles, collèges et lycées)
- Jacques Grosperrin (Secrétaire national en charge des politiques éducatives)

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Vos commentaires

9 commentaire(s) | Afficher tous les commentaires

  1. Publié le 6 août 2011 à 16 h 38 min par chatelain.chantal

    Pourquoi ne pas regrouper les enfants ayant des difficultés d’apprentissage de la lecture autour d’un cours specifique diffusé par internet et repris par la suite par des éducateurs en soutien scolaire ?

  2. Publié le 14 juillet 2011 à 9 h 20 min par Delclaud

    Puisqu’autrefois il semble qu’il y avait moins d’illétrisme, pourquoi ne pas revenir aux enseignements d’autrefois en primaire tant pour les méthodes que pour les programmes.
    Augmenter le niveau de compétence des professeurs par la masterisation peut être mais autrefois les instituteurs n’avaient pas ce niveau mais étaient motivés par leur métier d’enseignant, connaissaient les méthodes pédagogiques qu’on leur avait enseignées à l’école normale et ils réussissaient mieux.

  3. Publié le 21 juin 2011 à 21 h 34 min par guerin

    il serait bon de creer une 6 speciale qui permettrait de ratrapper les lacunes tout en preparant l enfant a la vie du college en allegeant certaines matieres pour renforcer les fondamentaux a cote de de ceci il serait bon que les medias cessent d inventer des motes accidentogener transferment j en passe et des meilleurs

  4. Publié le 21 juin 2011 à 19 h 56 min par Estelle Arielle Bouchet

    La question des banlieues constitue un topos essentiel pour les prochaines élections mais également un enjeu considérable dans la réussite du pacte républicain. Il ne s’agit pas d’interpréter la question sur un mode unilatéral et sécuritaire. Ce n’est pas la vocation de l’UMP; Il s’agit plutôt de réfléchir à un projet qui intégrera diverses problématiques liées aux individus, à la Famille, à la question de l’Islam, à une possibilité d’avenir pour ces jeunes.
    Je propose donc de travailler sur les axes suivants:

    Ateliers de langue française (maîtrise du vocabulaire, accentuation juste etc…) sur un mode ludique avec des bénévoles ou dans le cadre de stages.
    Sport
    Renouveau des métiers de l’artisanat
    Système de préfets
    Education des femmes

    Enfin, il semble opportun de réfléchir sur la question de la réhabilitation de l’instruction civique et comme dans le système anglo-saxon, au sein de l’école, l’enseignement pluridisciplinaire des 3 religions monothéïstes.

  5. Publié le 12 mai 2011 à 0 h 50 min par marie

    Avant les résultats enregistrés par notre école, il faut se préoccuper de la violence qui est entrée à l’ école et ne cesse d’y répandre ses méfaits, dont l’un: désacraliser le (lieu du) savoir. C’est le moteur de l’illétrisme. Ne pas faire la guerre à la violence scolaire, c’est l’encourager. Sanctuariser l’école; interdire toute violence . Instruire les garçons de leur tendance hormonale à entrer dans des comportements violents. Leur donner d’autres alternatives. Savoir que les conduites transgressives sont considérées par les garçons comme valorisantes et masculines. Trouver des parades à ces questions qui minent les parcours scolaires des garçons des classes défavorisées et particulièrement des enfants d’immigrés africains et maghrébins.Eveiller la curiosité et l’émerveillement des enfants avec leur accès aux vraies grandes oeuvres et aux grandes figures de l’humanité.

  6. Publié le 10 mai 2011 à 11 h 19 min par ROULEAU Serge

    Pour compléter ce que dit Mr Massoulier dans sa proposition, je dirais que supprimer des enseignants dans le primaire ne peut que renforcer encore les difficultés des enfants qui s’y trouvent. D’autre part, la suppression de l’examen d’entrée en 6e ne permet pas de se rendre compte suffisamment tôt du degré de retard de chaque enfant condamnant ceux-ci à l’échec.

  7. Publié le 3 mai 2011 à 13 h 44 min par MASSOULIER

    Très heureux d’apprendre vos projets pour remédier au problème de l’illettrisme à l’entrée en sixième.
    Il est en effet urgent de dire la vérité et d’agir très vite.
    Depuis la suppression de l’examen d’entrée en sixième il y a plus de 30 ans pour des raisons purement démagogiques, 15 à 20% de jeunes entrent dans cette classe sans maîtriser les fondamentaux et sont notamment en situation d’illettrisme. Ils sont aussitôt en échec scolaire, perturbent la classe, génèrent de la violence et mobilisent des moyens qui pourraient être mieux utilisés ; leurs parents mettant souvent un point d’honneur à leur passage dans la classe supérieure, ils se retrouvent ainsi en 5ème, 4ème et sortent de la 3ème dans leur immense majorité aussi illettrés qu’ils l’étaient en entrant en 6ème. C’est ainsi que tous les ans, 150000 à 160000 jeunes sortent du système scolaire sans diplôme et vont grossir les rangs des chômeurs et des délinquants.
    On ne dira jamais assez que l’illettrisme est un grave facteur d’exclusion sociale.
    La suppression de l’examen d’entrée en sixième a été décidée par les démagogues et les utopistes, que l’on pourrait appeler les démagutopistes, pour des raisons d’égalité des chances qui ne procèdent en fait que d’un égalitarisme de mauvais aloi accentuant l’inégalité des chances. Les démagogues leurrent les jeunes illettrés et leurs parents en leur laissant croire que leurs enfants vont pouvoir faire des études secondaires normales ; il est déraisonnable de demander à un jeune entrant en 6ème à la fois d’apprendre à lire, écrire, compter et suivre l’enseignement du secondaire.

    Il faut donc en appeler au courage politique pour faire en sorte qu’il n’y ait plus d’illettrés à l’entrée en sixième ce qui permettrait de dégager les moyens nécessaires pour renforcer la formation professionnelle. Bien des jeunes illettrés pourraient s’épanouir dans ce type de formation et trouver bien plus facilement un emploi (on manque notamment de professionnels, d’artisans, d’agriculteurs).

    Une passerelle entre la formation professionnelle et l’enseignement général pourrait être envisagée pour les éléments motivés maîtrisant les fondamentaux.

    Un problème similaire se retrouve à l’entrée en faculté : parce qu’ils n’ont pas le niveau suffisant, la moitié des jeunes étudiants abandonnent à l’issue de la première année, générant beaucoup d’amertume et mobilisant là aussi, pour les mêmes raisons démagogiques, des moyens qui pourraient être mieux utilisés.

    Enfin, il serait intéressant de faire une statistique dans les banlieues dites difficiles : on découvrirait sans doute un pourcentage d’illettrés générant de la violence très supérieur à la moyenne nationale.

    La solution passe certainement par une meilleure responsabilisation du primaire qui pourrait se traduire par une notation de chaque école en fonction du niveau d’illettrisme au CM2 comme vous l’envisagez. L’action doit bien évidemment commencer au CP par un meilleur contrôle de l’apprentissage des fondamentaux (notamment rétablissement de la lecture et des dictées qui ont pratiquement disparu !!!).

    La lutte contre l’illettrisme est une priorité nationale.

  8. Publié le 30 avril 2011 à 11 h 11 min par Donne jacques

    Ancien coordinateur des études au Québec et au Canada, j’ai noté à mon retour en France un assez gros décalage avec la formation française concernant la prévention précoce des risques par peur en France de l’élitisme et donc en tenir compte dès le départ (exemple des enfants qui n’ont pas encore atteints leur latéralité importante pour la découverte d’une bonne lecture) comme les cas de dyslexie) et autre cas de difficultés du langage.. C’est pourquoi je ne suis pas d’accord pour l’entrée à l’école des enfants
    de deux ans et même dans certain cas ceux de trois ans. pour mieux vérifier les problèmes à venir.
    En plein accord sur l’orientation dans la formation initiale dans les méthodes plus efficaces. aux stagiaires C’est à dire la troisième voie qui me semble la plus adaptée.
    Nécessité de deux validations des acquis. L’un après le la fin du premier cycle et l’autre à la fin du CM2 . En cas de difficulté,il faut selon les cas, en fonction de l’âge ou de la situation familiale reprendre une classe de CM3 ou bien de mettre le jeune dans une sixième adaptée jusqu’à l’acquisition des fondamentaux.Les laisser continuer leur chemin,c’est la meilleure route pour l’échec définitf.

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