Les politiques dâimmigration des grands pays démocratiques ne sont pas définies une fois pour toutes. Elles font lâobjet de débats réguliers et sâadaptent aux évolutions économiques, sociales et géopolitiques. Pourtant, en France, ce thème suscite souvent des réactions irrationnelles. Il faut pourtant faire divorcer lâidéologie et lâimmigration et traiter ce thème avec bon sens, en regardant notamment les politiques pratiquées chez nos voisins et partenaires.
Dans la perspective de 2012, lâUMP avance des propositions de façon sereine et constructive pour répondre aux défis migratoires et aux attentes des Français. La sortie de crise et les évolutions politiques dans les pays dâAfrique du Nord nous invitent à faire le point sur nos choix.
Pour mieux maîtriser notre politique dâimmigration, nous proposons 5 grands axes de travail :
1. Une réponse globale et concertée à un défi mondial
Lâimmigration nâest pas quâune question franco-française. Câest un enjeu pour lâensemble de la planète. La majorité des migrations concerne dâailleurs des flux entre pays du Sud. On ne peut pas apporter de réponses structurelles aux causes des grandes migrations internationales si lâon néglige lâapproche globale.
- Une conférence internationale sur lâimmigration et une implication du G20.
Nous proposons que les questions de flux migratoires soient abordées au niveau international, dans les travaux du G8/G20.
Et surtout, nous proposons dâorganiser une conférence internationale, comme il y en a sur les enjeux de lâenvironnement, avec tous les acteurs réunis pour faire le point et proposer des solutions globales !
- Soutenir la politique de codéveloppement et le transfert de compétences vers les pays les moins développés.
Nous proposons par exemple de créer le « VIE Senior », sur le modèle du Volontariat International En Entreprise, qui permet à des jeunes de sâexpatrier au service dâentreprises françaises. Ce « VIE Senior » permettrait de mettre à disposition des compétences au service dâentreprises issues des pays les moins avancés.
2. Une Europe qui assume davantage ses responsabilités
Schengen doit devenir un véritable espace de contrôle avec des clauses de revoyure. Il faut en permanence suivre lâapplication des accords de Schengen, voir si chaque Etat respecte les règles du jeu. Si ce nâest pas le cas, on doit pouvoir suspendre la participation de lâEtat concerné.
- « muscler » Schengen en lui donnant un pilotage politique et mettre en place des critères dâévaluation et de contrôle des membres de cet espace commun. Un Etat qui ne respecterait pas les règles communes nâaurait pas vocation à rester membre de lâespace Schengen. Une agence européenne de lâEspace Schengen aurait pour mission de faire partager les informations entre les Etats (demandes de visa, de droit dâasileâ¦).
- créer un poste de Commissaire européen spécifiquement en charge de lâimmigration, de lâintégration et du codéveloppement.
- réformer en profondeur les procédures et les analyses de demandes dâasile pour les simplifier afin dâapporter des réponses plus rapides et de limiter la multiplication des recours.
3. Une politique de fermeté et de clarté contre lâimmigration illégale
Comme tous les autres pays, la France doit pouvoir choisir si elle veut ou non laisser entrer des personnes étrangères sur son territoire. Nous devons le faire dans le respect du droit international mais avec fermeté et avec clarté.
- Conditionner systématiquement lâobtention de titres à une entrée régulière sur le territoire (sauf en cas de circonstances humanitaires exceptionnelles).
- Augmenter le taux effectif de reconduite dans les pays dâorigine, par un renforcement de la capacité des centres de rétention administrative. La politique de reconduites à la frontière pourrait être plus efficace grâce à un conditionnement â au niveau européen - de lâaide au développement et de la délivrance de visas en fonction de la coopération des pays dâorigine.
- Mettre en place un système de caution-retour pour les dossiers « à risques » de visas de courts ou moyens séjours.
Dans le cas dâune demande de visa présentant un risque, les autorités consulaires françaises pourront proposer au demandeur de verser une caution. Cette caution ne serait restituée quâau retour dans le pays dâorigine, constaté par les autorités consulaires.
En cas de non-retour, les autorités consulaires pourraient alors prévenir les services de
lâimmigration.
4. Une responsabilisation de tous les acteurs pour adapter lâimmigration de travail à nos besoins
Face aux défis de lâimmigration et aux polémiques, chacun des acteurs concernés par lâimmigration du travail devra assumer sa position et faire connaître ses propositions. Plus personne ne pourra tenir de double discours idéologique devant les Français.
- un débat et une conférence nationale tous les deux ans sur lâimmigration.
Tous les acteurs et en premier lieu les partenaires sociaux et les partis politiques doivent être responsabilisés. Par exemple, sur lâimmigration de travail, les partenaires sociaux (syndicats et patronat) devront estimer précisément les besoins en main dâoeuvre par secteur et les justifier. Ces éléments fournis en toute transparence viendront alimenter la réflexion du Gouvernement, en amont de la prise de décision. Les décisions du Gouvernement en la matière feront alors lâobjet dâun débat au Parlement (séance plénière ou en commission).
- Généraliser les Contrats dâAccueil et dâIntégration et faire payer aux employeurs de travailleurs immigrés une partie de ces contrats (formation linguistique et culturelle pour favoriser lâintégration).
Quand une entreprise fait venir un travailleur immigré, elle doit aussi contribuer à sa bonne intégration dans la société française. Il est légitime quâelle prenne en charge tout ou partie des dépenses de la collectivité pour former le nouvel arrivant à notre langue, à notre culture, au respect des valeurs républicaines.
5. Une affirmation permanente de lâéquilibre des droits et des devoirs
La France doit maintenir une politique équilibrée liant lâobtention de certains droits au respect des règles et des lois de la République. Lâétranger en situation légale a le droit dâêtre accueilli et de construire un nouveau projet de vie. Il a le devoir de contribuer aux charges de la nation et de respecter les lois et valeurs de la République.
- Conditionner les prestations sociales au respect des obligations scolaires et des obligations des Contrats dâAccueil et dâIntégration.
- Porter de 18 mois à 2 ans la durée de séjour minimal avant de pouvoir bénéficier du regroupement familial, qui sera conditionné par le respect des lois de la République.
CONSTAT
1. LES MIGRATIONS, UN ENJEU MONDIAL MAIS UNE APPROCHE POLITIQUE SOUVENT PARCELLAIRE
LâOrganisation Internationale pour les Migrations estime que le nombre de migrants a dépassé 210 millions en 2010 et pourrait augmenter jusquâà 400 millions en 2050. Cela représente aujourdâhui plus de 3% de la population mondiale.
Contrairement aux idées reçues, les migrations ne sont pas exclusivement un mouvement Sud-Nord. Elles concernent aussi largement les pays du Sud.
Selon lâOffice des Migrations Internationales, le pays où la part des migrants dans la population est la plus élevée est le Qatar (87%). A lâinverse, lâIndonésie est le pays où la part est la plus minime : 0,1%.
En Europe, la Roumanie ne compte que 0,6% de migrants dans sa population et la Slovaquie que 2,4%.
Source : Office des Migrations Internationales
Avec près de 10% de sa population issue des migrations, lâEurope est évidemment concernée par ce phénomène. Cela sâexplique par son poids économique, sa situation géographique, son histoire et ses faiblesses démographiques.
parce La régulation des flux migratoires est évidemment un enjeu pour les pays dâaccueil soit quâils recherchent de la main dâoeuvre pour faire face au vieillissement démographique, soit parce quâils veulent limiter leur politique dâimmigration à leurs capacités dâaccueil.
Mais ce serait une erreur de nâavoir que cette perspective. Les migrations sont aussi une préoccupation majeure pour les pays moins développés qui pâtissent dâune « fuite des compétences », lorsque leurs meilleurs éléments partent sans jamais revenir. Par ailleurs, la question du vieillissement démographique concerne aussi les pays du sud.
Comme le montrent les études du démographe Gilles Pison, les taux de natalité de nombreux pays dâémigration ont tendance à décroître fortement et rapidement et « le vieillissement démographique sera plus rapide au Sud quâau Nord » (1). Ces pays ne vont-ils pas rapidement chercher à retenir leurs ressortissants pour faire face aux défis de leur démographie ?
Face à cela, on constate un manque criant de gouvernance et de coopération à lâéchelle internationale. Quelles instances et quelles convergences doivent émerger pour répondre à un enjeu de cette taille ?
> Parmi les réponses à lâéchelle internationale : le codéveloppement
Pour limiter les déséquilibres de développement qui contribuent aux mouvements migratoires, la politique de codéveloppement consiste à soutenir les initiatives locales qui permettent de développer lâactivité dans les pays dâorigine.
Après des périodes dâexpérimentation, de nombreuses actions de développement solidaires ont été mises en oeuvre, en particulier dans les pays ayant signé des accords de gestion concertée des flux migratoires. Les Nations Unies ont défini les huit Objectifs du millénaire (2) en 2000 qui consistent surtout à atteindre lâobjectif dâune réduction de moitié de la pauvreté dans le monde entre 2000 et 2015. La France est un pays leader dans ce domaine et notamment dans la question des financements innovants.
Quels sont les nouveaux dispositifs qui permettront de renforcer ces objectifs et de promouvoir le codéveloppement ?
2. UNE EUROPE EN PREMIERE LIGNE
Le rapport annuel sur les politiques de migration et dâasile dans lâUnion européenne (UE) réalisé par la Commission, fait le point sur les évolutions enregistrées en 2010 à lâéchelle de lâUE et des Etats membres :
⺠Lâimmigration nette a atteint 857 000 personnes en 2009, soit 63% de la croissance démographique totale de lâUE.
⺠Deux millions de premiers titres de séjour ont été délivrés à des ressortissants de pays tiers en 2009 (-8% par rapport à 2008) : permis de travail (24%), autorisations pour raisons familiales (27%), titres pour la poursuite dâétudes (22%) et pour diverses autres raisons (27%).
⺠257 815 demandes dâasile ont été enregistrées en 2010 (-3% par rapport à 2009).
⺠Enfin, au premier trimestre 2011, 32 906 immigrants clandestins ont été comptabilisés aux frontières de lâUE, contre 14.857 au premier trimestre 2010 (+ 120%).
Sur ce total, au cours des trois premiers mois de lâannée, quelque 22 000 personnes ont été recensées à Lampedusa, contre environ 7.200 en Grèce selon Frontex.
Demandes de droit dâasile au niveau européen :
Source : Ofpra
> Un manque de pilotage européen
Sâils apportent un espoir de démocratisation formidable, les bouleversements récents en Méditerranée doivent nous conduire à adapter nos dispositifs de gestion des flux migratoires.
Ils font leurs preuves en situation « normale » mais sont soumis à rude épreuve en période tendue.
Lâarrivée de migrants sur les côtes européennes a suscité de nombreux débats en Europe et a renforcé les critiques contre le manque de visibilité et de gouvernance politique sur les sujets de lâimmigration.
Il manque un visage et une voix identifiés pour incarner la politique européenne dâimmigration. Même si chaque pays reste le premier responsable de sa politique en la matière, il est nécessaire de renforcer la coopération, surtout en période de crise.
> Les faiblesses de Schengen
Lâespace Schengen est un acquis communautaire important pour nos déplacements et pour les échanges de nos entreprises. Il serait absurde de remettre en cause la liberté de circulation entre les 25 Etats membres à ce jour.
Cependant, lâespace Schengen est largement perfectible. Certaines lacunes de ce dispositif ont été mises à jour :
⺠Quand un pays ne respecte pas ses obligations, il déséquilibre lâensemble de lâespace Schengen, sans quâon puisse vraiment le responsabiliser ;
⺠Lâagence Frontex, créée en 2004, chargée de coordonner les efforts de surveillance des frontières extérieures de lâUnion européenne par les Etats et dâassister ces derniers notamment pour les reconduites aux frontières communes, ne dispose ni des compétences, ni des moyens nécessaires à une bonne exécution de ses missions.
Les discussions initiées par le Président de la République avec ses homologues pour faire évoluer les accords de Schengen sont très encourageantes.
3. EN FRANCE : LE PASSAGE DâUNE POLITIQUE DâIMMIGRATION SUBIE A UNE POLITIQUE DâIMMIGRATION CHOISIE
> Une longue tradition dâimmigration
La France a une « tradition » dâimmigration depuis le milieu du XIXème siècle. Cela est lié à sa situation « exceptionnelle » en Europe de nation dâimmigration dans un continent dâémigration (3).
En effet, la France a été le premier pays à effectuer sa transition démographique et a eu des besoins importants de population, pour des raisons économiques, politiques ou militaires. Le rayonnement politique et culturel de la France et les opportunités de développement ont également joué un rôle dâattraction pour des populations attirées par un destin meilleur.
Les immigrés étaient dâabord originaires de pays « proches » géographiquement ou politiquement, comme lâItalie ou la Pologne.
Après la Seconde guerre mondiale, les origines se sont diversifiées avec des populations en provenance dâEspagne, du Portugal, de la Yougoslavie, du Maghreb ou de la Turquie, qui contribuent au développement de la France.
Avec la décolonisation, lâeffondrement du bloc soviétique, la mondialisation et les conflits africains, lâimmigration en France devient plus hétérogène encore que par le passé avec des flux provenant dâAfrique subsaharienne, dâEurope centrale et de Chine. Des études convergentes de lâINED, de lâINSEE ou de démographes comme Michèle Tribalat ou Gérard Noiriel soulignent ainsi le fait quâau moins un quart de la population française a un parent ou un grand-parent immigré.
Câest avec le début de la crise, en 1974, que la France décide officiellement dâarrêter lâimmigration de travail, tout en favorisant le regroupement familial et les dispositifs dâaide au retour dans les pays dâorigine. Au fil des « Trente Piteuses », des tensions sociales et économiques émergent, quâun fléchissement de politiques dâassimilation va aggraver.
Lâarrivée au pouvoir de la gauche en 1981 se traduit par une première vague de régularisation massive de clandestins. Le Gouvernement Jospin reproduira cette erreur. Les alternances droite-gauche sont à chaque fois marquées par des revirements dans la politique migratoire de la France, la gauche affichant un laxisme certain tandis que la droite réaffirme une politique de fermeté.
Il manquait cependant une doctrine claire sur ce thème. En 2006, avec la loi Sarkozy sur lâimmigration, le ministre de lâIntérieur de lâépoque introduit le concept dâimmigration choisie dans le débat politique. Câest aujourdâhui la ligne directrice de la politique migratoire de notre majorité.
> Les chiffres 2010
En 2010, dâaprès les statistiques de lâOffice français de lâimmigration et de lâintégration (OFII), lâimmigration légale en France sâélevait à 188 780 arrivants. Cela correspond à une hausse de 10,6% par rapport à lâannée précédente. 80% de cette hausse est liée à la forte hausse du nombre dâétudiants étrangers, selon la politique volontariste de notre pays qui veut contribuer à la formation des élites des pays étrangers.
Le chiffre global de lâimmigration légale comprend :
⺠lâimmigration familiale : 81 100 personnes, 4 % de plus quâen 2009 ;
⺠les étudiants : 65 840 personnes, en augmentation de 28,5 %.
⺠lâimmigration professionnelle : 31 500 personnes ;
⺠le droit dâasile : 10 340 personnes ont obtenu la protection de la France après recours pour environ la moitié de ces autorisations. Plus de 50 000 demandes avaient été déposées.
Lâimmigration choisie initiée par le Président de la République se lit dans quelques données
simples :
⺠Le regroupement familial a été restreint et encadré pour favoriser une meilleure intégration notamment avec les conditions de revenus et de logement qui ont été introduites. Cela permet également de lutter contre les phénomènes de communautarisme.
⺠Dans le même temps, lâimmigration professionnelle a été encouragée. Moins de 12 000 étrangers bénéficiaient en 2006 dâune carte de séjour attribuée pour des motifs de travail contre plus de 20 000 en 2008 et 2009.
⺠La carte de « salariés en mission » a rencontré un fort succès auprès des responsables des ressources humaines dâentreprises françaises qui peuvent faciliter la circulation de leurs salariés implantés à lâétranger.
Sous lâimpulsion de Nicolas Sarkozy, la France a fait le choix dâattirer des étudiants du monde entier. En 2010, la hausse a été de près de 30%. Cette politique témoigne de lâattractivité accrue de nos universités à lâinternational. Câest un levier de rayonnement pour la France. Il sâagit également de favoriser le développement des partenariats entre universités et les échanges internationaux profitant aux étudiants français.
Enfin, mettre en place une immigration choisie câest lutter avec vigueur contre lâimmigration illégale. (voir « ce que nous avons déjà fait »).
Notre bilan dans ce domaine est important mais nous ne devons pas nous en contenter. Nous devons travailler pour sans cesse améliorer notre politique migratoire :
Nous avons besoin dâoutils statistiques plus fins
Le nombre dâétrangers sâétablit aujourdâhui en France autour de 3,5 millions quand celui des immigrés est lui, évalué, à 6,7 millions (11% de la population).
Au-delà des grandes masses, les responsables politiques, économiques et sociaux doivent pouvoir sâappuyer sur des outils et des données plus précis, leur permettant de mieux anticiper et de mieux définir notre politique dâimmigration.
Le manque de données reconnues par tous les observateurs entretient les fantasmes et empêchent une approche rationnelle de ces questions. La première étape pour faire divorcer lâimmigration et lâidéologie, câest de pouvoir sâappuyer sur des faits incontestables et précis.
Les récents débats au sujet de lâimmigration de travail soulignent cette nécessité.
Nous devons adapter plus facilement lâimmigration en fonction du marché du travail
Outre les exigences de cohésion nationale évidemment décisives, les capacités dâaccueil de la France sont également largement dépendantes de la situation économique de notre pays, à commencer par celle du marché de lâemploi.
En 2009, le taux de chômage des étrangers hors UE sâélevait à 23,3% (8,9% chez les Français selon lâINSEE.) Ces données témoignent du déséquilibre entre la demande et lâoffre sur le marché du travail. Hormis quelques secteurs en tension quâil convient alors dâidentifier précisément, augmenter encore la demande de travail en développant lâimmigration ne parait pas prioritaire alors que notre pays sort dâune crise économique majeure.
Nous pouvons améliorer le taux de reconduites à la frontière
La complexité du contentieux administratif concernant lâimmigration et tout particulièrement les reconduites à la frontière fait baisser lâefficacité de la lutte contre lâimmigration clandestine. La volonté politique et les moyens mis en oeuvre se heurtent parfois à des procédures disproportionnées qui ne conduisent pas pour autant à une justice plus humaine.
Le manque de places dans les centres de rétention administrative est également une cause de moindre efficacité de notre politique dâimmigration, tout comme les blocages venant des pays dâorigine qui ne sont pas toujours coopératifs dans les procédures de reconduite à la frontière.
Nous devons réaffirmer en permanence lâimportance de lâéquilibre des droits et des devoirs
Enfin, la politique dâimmigration doit être fondée sur un strict équilibre des droits et des devoirs. Lâétranger en situation régulière a le droit dâêtre accueilli dans notre pays pour y réussir sa vie ; il a le devoir de respecter les lois et les valeurs de la République et de contribuer aux charges de la Nation afin de participer au développement de la France. Câest la condition sine qua none pour une intégration réussie.
CE QUE NOUS AVONS DÃJÃ FAIT
Lâimmigration est un sujet sur lequel lâUMP, notamment grâce à lâaction de Nicolas Sarkozy, tient depuis de nombreuses années un discours cohérent, courageux et responsable. Nous sommes éloignés de lâangélisme de la gauche qui par deux fois (1981 et 1998) a mené des mesures de régularisations massives de clandestins. Mais nous sommes également à lâantithèse des discours extrémistes et xénophobes de lâextrême droite qui condamne lâimmigration par principe et prône le rejet de tous les étrangers.
Lâaction volontariste du Président de la République a permis dâobtenir des résultats importants. Nicolas Sarkozy est le premier à avoir réuni au sein dâune même administration les questions dâimmigration, dâintégration et de codéveloppement, aujourdâhui sous la tutelle du Ministère de lâIntérieur. Par ailleurs, en 2009, lâOffice français de lâimmigration et de lâintégration (OFFII) a été instauré et regroupe les compétences de différentes agences chargés de lâaccueil et de lâintégration des immigrants. Il est désormais le seul opérateur de lâEtat en charge de lâintégration des migrants pendant les cinq premières années de leur séjour en France. Il est notamment chargé du dispositif des aides au retour et du développement solidaire.
Face aux évolutions économiques, sociales et géopolitiques, le Président de la république et le Ministre de lâIntérieur ont annoncé leur souhait de voir diminuer lâimmigration légale de 20 000 personnes cette année. Au vu de la situation économique actuelle, il sâagit notamment dâadapter notre politique aux capacités dâaccueil de la France.
De nombreuses réformes ont été adoptées ces dernières années en France et ont permis de renforcer la maîtrise de lâimmigration choisie, dâaccentuer la lutte contre lâimmigration illégale et dâaméliorer notre politique dâintégration, par la promotion des valeurs républicaines.
LA MISE EN PLACE DE LâIMMIGRATION CHOISIE
⺠La loi du 24 juillet 2006 relative à lâimmigration et à lâintégration, a instauré lâimmigration choisie en France marquant une volonté de rompre avec lâimmigration subie.
Cette loi a pour objectif de « mieux réguler lâimmigration, de lutter contre les détournements de procédure et promouvoir une immigration choisie ainsi quâune intégration réussie » (4).
Lâoctroi de la carte de séjour temporaire et celui de la carte de séjour « compétences et talents » sont désormais subordonnés à la production par le demandeur dâun visa pour un séjour dâune durée supérieure à trois mois.
La première carte de résident, quant à elle, ne pourra être délivrée quâà trois conditions : « lâengagement personnel de respecter les principes qui régissent la République française, le respect effectif de ces principes et une connaissance suffisante de la langue française » (L314-2 du Ceseda).
La carte « compétence et talents » a été créée pour mettre en place cette immigration choisie. Les étrangers dont « la personnalité et le talent constituent des atouts pour le développement et le rayonnement de la France » peuvent ainsi bénéficier dâune carte de séjour de trois ans renouvelable pour permettre à la France dâattirer les meilleures compétences.
Sâagissant du regroupement familial, un ressortissant étranger devra justifier de 18 mois de séjour en situation régulière (au lieu dâun an) et dâun revenu au moins égal au SMIC afin de pouvoir être rejoint par sa famille.
Le refus dâun titre de séjour par lâautorité administrative pourra être assorti dâune obligation de quitter le territoire, de sorte que la décision du refus de séjour et la mesure dâéloignement ne font plus quâun.
⺠La loi du 20 novembre 2007 relative à la maîtrise de lâimmigration, à lâintégration et à lâasile, complète les réformes engagées par les lois du 26 novembre 2003 et du 24 juillet 2006 relative à lâimmigration et lâintégration et permet un meilleur encadrement du regroupement familial.
Les personnes souhaitant rejoindre la France dans le cadre du regroupement familial, tout comme les conjoints étrangers de Français sollicitant un visa de long séjour, doivent faire lâobjet dâune évaluation permettant de mesurer leur degré de connaissance de la langue française et des valeurs de la République. Il sâagit dâune étape importante dans la volonté dâaméliorer lâintégration et promouvoir une immigration choisie, répondant à notre pacte républicain. La tradition dâune intégration républicaine ferme est ainsi renforcée.
Un étranger qui souhaite faire venir sa famille doit avoir des ressources suffisantes qui sont calculées en fonction de la taille de la famille.
⺠Un pacte européen sur lâimmigration et lâasile a été adopté en 2008 sous la présidence française de lâUE.
Ce pacte adopté à lâinitiative du Président Nicolas Sarkozy reprend les principales orientations de la politique menée en France en coopération avec nos partenaires européens. Il sâagit principalement de :
- organiser lâimmigration légale en tenant compte des priorités, des besoins et des capacités dâaccueil déterminés par chaque Etat membre et favoriser lâintégration,
- lutter contre lâimmigration irrégulière, notamment en assurant le retour dans leur pays dâorigine ou vers un pays de transit, des étrangers en situation irrégulière,
- renforcer lâefficacité des contrôles aux frontières,
- bâtir une Europe de lâasile,
- créer un partenariat global avec les pays dâorigine et de transit favorisant les synergies
- entre les migrations et le développement (5).
Ce pacte européen est une première étape dans la nécessaire convergence des politiques nationales en faveur dâune immigration choisie. Dès lors, la priorité est mise sur la nécessité de faire de lâEurope une terre qui attire lâexcellence. Ceci sâinscrit à la suite de la création dâune carte bleue européenne cherchant à attirer des personnes hautement qualifiées.
⺠La nouvelle loi sur lâimmigration du 16 juin 2011, relative à lâimmigration, à lâintégration et à la nationalité, permet dâadapter notre droit aux orientations initiées par le pacte européen.
Une « carte bleue européenne » sur le modèle de la « green card » américaine a été instaurée pour améliorer lâattractivité européenne à destination des personnes hautement qualifiées. Dâune durée de trois ans renouvelable, le candidat devra, pour pouvoir bénéficier de ce dispositif, avoir une promesse dâembauche et il devra être titulaire dâun diplôme de lâenseignement supérieur au moins à bac +3, ou avoir une expérience professionnelle dâau moins cinq années, dont deux dans un poste de haut niveau.
La prise en compte des efforts dâintégration du migrant pour le maintien sur le territoire comme pour lâaccès à la nationalité : les critères permettant dâapprécier le respect du contrat dâaccueil et dâintégration, qui conditionne le renouvellement des cartes de séjour et la délivrance des cartes de résident, sont explicités.
La durée de présence sur le territoire exigée des candidats à la naturalisation sera réduite pour ceux qui remplissent réellement les critères dâassimilation à la population française. Dans le même temps, les « mariages gris » fondés sur une tromperie volontaire sont davantage sanctionnés, jusquâà 5 ans de prison et 15 000 euros dâamende.
Lâadhésion aux principes et valeurs essentiels de la République française sera formalisée par la signature dâune charte des droits et des devoirs du citoyen français.
UNE LUTTE DETERMINEE CONTRE LâIMMIGRATION ILLEGALE
La lutte contre lâimmigration illégale a fait lâobjet dâune action déterminée de la part de lâEtat au cours des dernières années. Il sâagit dâune politique ferme et équilibrée dès lors que lâon veut mener une politique dâimmigration non subie. Tous les pays du monde sâaccordent sur la nécessité de pouvoir choisir qui réside sur son territoire. Câest une priorité constante de notre majorité qui a permis dâobtenir des résultats tangibles concernant notamment lâéloignement des personnes clandestines.
- 145 filières dâimmigration ont été démantelées en 2009 et 183 en 2010 !
- Les éloignements ont triplé, passant de 10 000 en 2002 à près de 30 000, chaque année, depuis 2008.
- Plus de 110 000 personnes ont ainsi été reconduites dans leur pays dâorigine depuis 2007.
- La dernière loi adoptée en 2011 devrait permettre dâaugmenter le nombre de reconduites dans les pays dâorigine.
- 100 000 étrangers qui tentaient dâentrer sur le territoire sans visa ont été refoulés en 3 ans.
En 2009, plus de 3 200 personnes ont été mises en cause dans le cadre de la lutte contre lâemploi dâétrangers sans titres.
La fermeté a également prévalu concernant le droit dâasile. Sâil sâagit bien pour la France de maintenir une tradition dâaccueil pour les personnes persécutées dans leurs pays, il nâest pas question dâaccepter que cette procédure soit utilisée et manipulée par certains réseaux comme une nouvelle source dâimmigration non contrôlée. La France est le deuxième pays au monde en termes de demande dâasile (6) mais nous nâaccordons pas des titres de séjours sans un examen approfondi des demandes. Même après un recours devant la Cour nationale du droit dâasile, moins de 30% des demandes sont acceptées aujourdâhui. Au total environ 10 000 personnes sont accueillies au titre du droit dâasile.
⺠La loi du 20 novembre 2007 relative à la maîtrise de lâimmigration, à lâintégration et à lâasile simplifie les dispositifs dâéloignement des étrangers, en particulier en cas de situations illégales.
De nombreux accords de gestion concertée de lâimmigration ont par ailleurs été mis en place avec les pays dâémigration. Ce sont principalement des pays africains comme le Sénégal ou le Bénin.
LâOFFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides) est placé sous la tutelle du Ministère de lâimmigration pour permettre une gestion rigoureuse et globale de lâimmigration.
⺠Le pacte européen sur lâimmigration et lâasile de 2008 interdit les régularisations massives et prévoit expressément que les régularisations doivent être limitées et étudiées au cas par cas.
Le pacte prévoit en effet de promouvoir la coopération avec les pays dâorigine pour sâassurer du retour des étrangers dans leur pays, de mettre en place des dispositifs communs pour raccompagner les immigrants illégaux dans leurs pays dâorigine, de développer des dispositifs incitatifs aux retours.
Le renforcement de lâefficacité des contrôles aux frontières est acté avec la volonté de généraliser les visas biométriques, dâaméliorer la coopération et lâéchange dâinformations entre partenaires européens. Lâagence FRONTEX doit également être un outil renforcé au service des Etats européens avec à terme la réflexion sur la création dâun système européen des gardes-frontières.
⺠La nouvelle loi sur lâimmigration du 16 juin 2011, relative à lâimmigration, à lâintégration et à la nationalité, permet dâadapter notre droit aux exigences européennes et surtout de renforcer notre lutte contre lâimmigration clandestine.
Outre la transposition de la directive « carte bleue » européenne mentionnée précédemment, cette loi vient transposer deux directives européennes relatives à lâimmigration clandestine :
- La directive dite « retour » qui interdit le retour sur lâensemble du sol de lâUnion, pour une durée de 3 à 5 ans, des étrangers clandestins qui nâont pas respecté le délai de départ volontaire dâun an qui leur est accordé avant leur expulsion.
- La directive « sanction » qui vise à renforcer les sanctions à lâencontre des employeurs qui embauchent sciemment des travailleurs sans papiers.
Au-delà de ces transpositions, cette loi comporte des mesures particulièrement fortes pour lutter contre lâimmigration clandestine :
La création de zones dâattentes spéciales : cette disposition est une réponse à lâépisode de janvier 2010 où 123 Kurdes, débarqués illégalement sur une plage corse, nâavaient pu être expulsés, car ils se trouvaient hors dâune zone de passage frontalier (gares ou aéroports internationaux). Désormais, des zones spéciales dâattentes pourront être crées lorsquâau moins 10 clandestins seront trouvés en groupe hors des zones frontalières.
Lâabus du court séjour (moins de trois mois) : des étrangers, y compris des citoyens européens, pourront être expulsés quand ils multiplient les allers et retours en France dans le but unique de se maintenir dans le pays et de profiter du système dâassistance sociale.
Le titre de séjour « étranger malade » a été réformé pour continuer dâapporter une protection aux étrangers gravement malades mais aussi pour lutter contre certaines dérives ou certains abus dans ce domaine. Ce titre ne pourra dorénavant être attribué que sâil nâexiste pas de traitement approprié dans le pays dâorigine.
Lâextension de la durée de rétention et le changement de procédure de reconduite à la frontière. La durée maximale de rétention administrative autorisée par le juge judiciaire est portée de 32 à 45 jour pour donner plus de souplesse aux pouvoirs publics et augmenter le taux de reconduite à la frontière.
La décision sanctionnant le séjour irrégulier ouvrira, en principe, un délai de départ volontaire de trente jours à lâissue duquel lâexécution dâoffice est possible. Lâautorité administrative pourra assortir sa décision dâéloignement dâune interdiction de retour sur lâensemble du territoire européen dâune durée de 2 à 5 ans, sauf pour un motif humanitaire.
Le report à cinq jours de lâintervention du juge des libertés et de la détention (JLD) : le juge administratif statuera désormais avant le juge des libertés et de la détention, lequel interviendra au bout de cinq jours (au lieu de deux) pour se prononcer sur le maintien en rétention.
Les sanctions administratives susceptibles dâêtre prononcées à lâencontre des employeurs dâétrangers sans titre sont renforcées.
UNE POLITIQUE FERME DâINTÃGRATION
La France a une tradition dâintégration ferme à laquelle nous nâaurions jamais dû renoncer. Le Président de la République et lâUMP ont ainsi agi de concert pour retrouver par des mesures fortes, la volonté dâintégrer les nouveaux immigrants notamment.
⺠Afin de faciliter lâintégration des nouveaux arrivants, un contrat dâaccueil et dâintégration (CAI) spécifique a été créé (loi du 24 juillet 2006). Destiné aux bénéficiaires du regroupement familial, il est signé entre lâEtat et les deux parents. Ses bénéficiaires doivent suivre une formation spécifique qui les sensibilise à un certain nombre de devoirs et de valeurs républicaines. En effet, le CAI repose principalement sur lâenseignement de la langue française et des valeurs républicaines comme la laïcité, lâégalité hommes-femmes, lâinterdiction de la polygamie et surtout lâobligation de scolarisation pour les enfants de 6 à 16 ans.
Le respect du CAI conditionne depuis le 1er janvier 2007 le renouvellement de la première carte de séjour et lâobtention de la carte de résident de longue durée.
Le contrat dâaccueil et dâintégration a été expérimenté dès 2003 puis généralisé à lâensemble du territoire fin 2008. En 2009, plus de 97 000 contrats ont été signés et ce sont environ 500 000 personnes qui se sont engagées dans ce contrat depuis 2003, dont plus de 300 000 depuis 2007, soulignant la force de la tradition dâintégration à la française basée sur des droits et des devoirs.
Le gouvernement et la majorité ont entendu marquer leur attachement aux valeurs de la République, qui impliquent notamment le respect de la dignité de la femme, en posant lâinterdiction, par la loi du 11 octobre 2010, du port, dans lâespace public, de toute tenue visant à dissimuler entièrement le visage, notamment le voile intégral ou la burqa.
Tout comme lâinterdiction en 2004 du port à lâécole de signes distinctifs religieux a durablement rétabli la laïcité de lâécole publique française, il sâagit ici de réaffirmer sans ambiguïté les principes de la République.
Lâaccession à la nationalité est conditionnée à la signature dâune charte des droits et des devoirs du citoyen avec la loi de juin 2011.
UNE ACTION INNOVANTE : LE CODEVELOPPEMENT
Le codéveloppement est une innovation récente en lien avec les problématiques des migrations, les objectifs du millénaire de lâONU et le développement de financements innovants. La France est un pays en pointe sur tous ces sujets. Cela permet de renouveler les regards sur la lutte contre la pauvreté et de développer des actions à même de garantir un maintien des populations dans leur pays dâorigine et de vie.
LâAgence française de développement est lâun des acteurs clef de lâaide française et intervient pour la réduction de la pauvreté, le financement de la croissance économique et la protection des biens publics mondiaux. Elle inscrit ses actions dans le cadre des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), notamment en Afrique qui reçoit plus de 50% de ses financements. En 2009, le montant global des engagements de lâAFD a atteint 6,2 milliards dâeuros. Lâactivité de lâAFD a ainsi augmenté de 40 % en 2009 par rapport à 2008.
Avec 7,5 milliards dâeuros dâaide publique au développement (APD) nette, en 2008, la France est le 4ème pays donateur mondial, en volume. Elle est le 2ème des pays du G8 en termes dâeffort dâaide ramené à sa richesse nationale, avec 0,39% de son Revenu national brut (RNB) consacré à lâAPD.
Le codéveloppement a connu un essor important ces dernières années, notamment à la suite du rapprochement de cette administration avec celles en charge de lâimmigration.
Au 31 mai 2009, 9 accords de gestion concertée des flux migratoires et de développement solidaire ont été signés avec le Sénégal, le Gabon, la République du Congo, le Bénin, la Tunisie, lâÃle Maurice et le Cap-Vert, le Burkina-Faso et le Cameroun.
Les lois sur lâimmigration et le codéveloppement ont mis en place de nombreux outils en faveur dâun développement solidaire et pour faciliter des financements locaux comme lâépargne développement ou le livret dâépargne pour le codéveloppement. Le site www.envoidargent.fr permet enfin de comparer les coûts et les modalités des envois dâargents à lâétranger afin de sécuriser ces envois et éviter les vols.
En 2009, 561 projets de réinsertion économique ont été financés par lâOFII, en hausse de 37% par rapport à 2008 et pour un montant de plus de 3,5 millions dâeuros.
(1) http://www.ined.fr/fichier/t_publication/1468/publi_pdf1_457.2.pdf
(2) http://www.un.org/fr/millenniumgoals/
(3) Marie-Claude Blanc-Chaléard. Histoire de lâimmigration. La découverte. 2009
(4) http://www.legifrance.gouv.fr/html/actualite/actualite_legislative/exp_immigration_integration.htm
(5) http://www.eu2008.fr/webdav/site/PFUE/shared/import/1015_conseil_europeen/Pacte_europeen_sur_l_immigration_et_l_asile_FR.pdf
(6) http://www.ofpra.gouv.fr/documents/RA_2010_Ofpra.pdf

















