Entre 1961 et 2005, la population mondiale est passée de 3,1 à 6,3 milliards d’humains. Dans 40 ans, elle devrait atteindre 9 milliards et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime qu’il faudra en conséquence augmenter la production alimentaire de 70% et que 90% de cette augmentation devra se faire dans les pays en développement. La Chine ne dispose que de 7% des terres cultivables pour nourrir 20% de la population mondiale.
Ainsi, et dans le contexte de crise que le monde connait, la sécurité alimentaire est plus que jamais d’actualité (volatilité des prix des matières premières, risques de pénuries, « émeutes de la faim » dans les pays émergents, augmentation du nombre de personnes souffrant de la faim). Elle concerne non seulement les pays émergents mais également la France.
La France est-elle en capacité de contribuer à relever le défi alimentaire mondial ? Quel rôle la France peut-elle jouer, au sein et hors de ses frontières, en ce qui concerne la régulation des marchés, l’augmentation des rendements, les exigences environnementales ou encore les investissements ?
CONSTAT
Le maintien et le développement de l’agriculture : une priorité pour la France
Avec une production agricole de 67 milliards d’euros en 2008, la France occupe le premier rang de l’Union européenne (18% de la production UE). Cette dernière est aujourd’hui le 1er importateur et le 2ème exportateur mondial de produits agricoles.
Comptant 770 000 actifs permanents, dont 630 000 sont les exploitants et les membres de leur familles4, l’agriculture française a été violemment touchée par la crise en 2008 et 2009 avec des baisses respectives des revenus des agriculteurs de 15,9% puis de 34%. En 2010, et cachant de fortes disparités, les revenus ont augmenté de 66%. Toutefois, ce chiffre est à relativiser du fait des deux années épouvantables que venaient de connaitre les agriculteurs.
En tout état de cause qu’il s’agisse de la volatilité des prix, des relations avec les distributeurs, de la PAC, ou encore de la mise en oeuvre de réglementations en matière d’hygiène et de sécurité, les agriculteurs traversent des difficultés importantes qui pourraient mettre d’autres secteurs en difficulté (agroalimentaire, transport).
L’industrie agroalimentaire : relais de l’agriculture et créateur de richesses
L’industrie agroalimentaire (IAA) concourt peu à la désindustrialisation de la France (147 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2008, valorisation de 70 % de la production agricole nationale, plus de 400 000 salariés) et sa place est croissante au sein de l’industrie française en termes de valeur ajouté (14,1% en 2009 contre 10% en 1960). De plus, la balance commerciale de la France dans ce secteur est excédentaire (6,2 milliards d’euros en 2009).
Principale branche de l’industrie manufacturière au sein de l’Union européenne, l’industrie agroalimentaire représente environ 2% de son PIB6. Son chiffre d’affaires en 2007 était de 995 milliards d’euros7. Elle employait à cette date 4,4 millions de personnes au sein de 310 000 entreprises. La croissance moyenne annuelle mondiale en valeur des IAA est de 6,8% entre 2004 et 2009. Des pays émergents comme le Brésil ou la Chine prennent une part importante dans ce domaine.
Dans ce contexte, les IAA françaises semblent confrontées à plusieurs difficultés : une faible internationalisation qui les empêche de concurrencer de grands groupes américains ou brésiliens par exemple ; la surreprésentation des micro-entreprises (5 fois plus en France qu’en Allemagne) qui ne sont pas en capacité d’effectuer des efforts de recherche et de développement, d’innovation ou encore de présence à l’exportation ni de peser vis-à-vis de la distribution ; l’appréciation de l’euro.
Enfin, on constate que la France souffre d’un manque de performance par rapport à l’Allemagne qui gagne des parts de marchés aux dépens de la France.
CE QUE NOUS AVONS DEJA FAIT
La loi de modernisation de l’agriculture
Le gouvernement, au-delà des mesures d’urgence prises en 2008 et en 2009 (650 millions d’euros d’aides et 1,8 milliard d’euros de prêts à taux bonifiés), a fait adopter la loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche le 13 juillet 2010.
Cette loi engage un large mouvement au service du maintien et du développement de l’agriculture : L’alimentation et la qualité de l’alimentation deviennent une priorité dans notre politique agricole. La signature de contrats entre agriculteurs et acheteurs sécurise les revenus des agriculteurs. L’observatoire des prix et des marges est renforcé et élargi à l’ensemble des produits de l’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture afin de rééquilibrer de manière juste la rémunération des différentes acteurs qui entrent en jeux (agriculteurs, industriels, intermédiaires diverses, distributeurs). Enfin, le rôle des interprofessions agricoles est consolidé.
La réforme de la PAC
Par ailleurs, le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire travaille avec nos partenaires européens afin que la réforme de la PAC, qui doit intervenir d’ici 2013, confirme ce mouvement. Ainsi, le ministre, qui se bat pour préserver le budget de la PAC, a obtenu le remplacement du dogme de la libéralisation par une discussion sur la régulation. Le Président de la République, Nicolas Sarkozy, a souhaité porter ce message important auprès du G20 en plaçant la régulation des matières premières parmi les priorités de la présidence française.
Mise en place du Comité stratégique de l’agroalimentaire et de l’agro-industrie
Ce comité, mis en place le 23 novembre 2010, a pour objectif de faire travailler ensemble les acteurs de la filière sur quatre problématiques particulières :
- L’image du secteur et l’attractivité des métiers ;
- Les relations au sein de la filière, notamment dans un contexte de volatilité des matières premières ;
- Le soutien à l’exportation et la levée des obstacles à l’export ;
- Les enjeux environnementaux, dans une optique de développement durable.
Des moyens budgétaires renforcés
L’effort budgétaire de l’Etat en faveur de l’agriculture est constant : De 5Mds€ en 2007, il est passé à 5,3Mds€ en 2011. Cette augmentation de crédits, dans un contexte de réduction du déficit public, montre que le gouvernement a fait des secteurs de l’agriculture et de la pêche une priorité avec un objectif majeur : renforcer la compétitivité de ces deux secteurs pour les prochaines années.
QUELLES PISTES D’ACTION POUR 2012 ?
Agriculture
> Comment mettre en place la réciprocité dans les échanges commerciaux internationaux ?
A titre d’exemple, on peut s’interroger sur l’appréciation des subventions octroyées par
certains Etats aux exploitants agricoles de leur pays. Dans ce domaine, les Etats-Unis et la Chine sont souvent cités.
> La mise en place d’indicateurs ne pourrait-elle pas constituer une « boussole » dans le suivi des débouchés nationaux, européens et mondiaux des productions ?
Plusieurs variables clefs seraient à prendre en compte comme la croissance économique, le revenu des consommateurs ou encore les politiques de santé publique. En effet, les politiques publiques en matière de nutrition ou encore l’évolution des revenus ont des conséquences sur les choix des consommateurs et intéressent donc les industriels.
> La pluri-activité des agriculteurs n’est-elle pas une manière de sécuriser leurs revenus ?
On note que le nombre d’adhérents au réseau Bienvenue à la ferme vient de dépasser en France les 6000 exploitations (3600 en 2001). Pour tous ceux qui ont développé cette activité, le bilan est plutôt positif : il s’agit d’un complément de revenu non négligeable.
Industrie agroalimentaire
> Exiger une plus grande réciprocité dans les négociations commerciales de l’UE ne permettrait-il pas à nos entreprises de mieux résister à la concurrence étrangère et ainsi de mieux protéger nos emplois ?
> Comment favoriser la création d’entreprises de taille intermédiaire (comme en Allemagne) qui seraient en capacité de conduire des efforts significatifs de recherche et développement, d’innovation, de présence sur les marchés extérieurs, au sein de l’Union européenne et dans les pays émergents ?
> Ne devrions-nous pas réfléchir à l’adoption d’une stratégie à l’export identique à celles des pays voisins en privilégiant la promotion vers les pays tiers et au sein de l’Union
européenne ?
En 2009, la France n’utilise, pour la promotion de nos produits vers les pays tiers, que 8,4% de l’enveloppe de financement communautaire qui s’élève à 57 millions d’euros.
Secrétaires Nationaux responsables :
- Jean Auclair (Secrétaire national en charge de l’élevage)
- Yves Censi (Secrétaire national en charge de l’enseignement agricole et de la sécurité sociale agricole)
- Xavier Breton (Secrétaire national en charge des industries agro-alimentaires)
- Antoine Herth (Secrétaire national en charge de l’Agriculture)


















Publié le 12 juillet 2011 à 10 h 31 min par Physalis
L’agriculture française est coulée par les exportations/importations et par les multinationales de l’agroalimentaire, qui non seulement n’apportent aucune richesses (car créatrices d’emplois précaires et inutiles) mais contribuent aussi à la disparition massive des petites exploitations paysannes qui ont tout intérêt à se développer si notre volonté est réellement de créer des emplois stables, utiles et surtout durables. De plus, la croissance n’est pas une solution à l’effondrement actuel de notre système agricole, elle en est la cause, le culte du pétrole infini doit être remis en cause dans les plus brefs délais si l’on veut éviter une catastrophe épouvantable pour les générations à venir (car sans pétrole pas d’engrais, pas de pesticides, pas de fongicides etc…), il serait temps de penser à la création d’une agriculture plus autonome, locale et libérée du culte du toujours plus qui devient ridicule quand on sait qu’en france 70% de la production agricole n’est pas consommée. La France est actuellement sous perfusion alimentaire, l’insécurité à ce niveau n’a jamais été aussi grande.
Publié le 2 juillet 2011 à 10 h 08 min par lepaysan
Question à ceux qui aiment se poser des questions dans les salons parisiens:
Quand l’Europe, un pays membre ou un gouvernement décide d’attribuer 100 euros à un agriculteur, combien d’euros arrivent à cet agriculteur et combien de temps après la décision d’attribution ? Quel homme politique de quelque parti qu’il soit aura le courage de traiter publiquement cette question.
Publié le 12 juin 2011 à 21 h 51 min par COGORDAN
je pense qu il faut en prioriter sortir d affaire nos agriculteurs, cela doit passer par de la formation au cas par cas .chaque exploitation doit etre passer au crible pour pouvoir les rendre rentable , cela dois passer par cette etape,les aider financierement pour les surequiper , surequiper chaque exploitation , stokage d eau , equipement tiptop pour relancer les fililaires une a une.motiver les jeunes a rester a la campagne. ensuite je crois que la grande distribution doit passer des accords plus respecteux envers eux, la guerre des prix doit passer par le made in france
Publié le 12 mai 2011 à 22 h 25 min par Pierre-André Fontaine
pour la question économique, il faudra bien un jour que nous admettrions, qu’il a des choses, des produits, des secteurs économiques, qui ne peuvent être cotées en Bourse et livrés à la spéculation. c’est à notre société, et à nos politiques, d’être ferme sur certaines questions, une réglementation et des lois fermes, fortement répréhensible et incontournable. On ne pourra résoudre le sujet sans supprimer certaines spéculations (lobby spéculatif, voir spéculateur)
Publié le 23 avril 2011 à 15 h 24 min par thieulon
Il serait judicieux de créer des groupements de producteur (type coopérative) au niveau europeen. Ces coopératives « auraient pignon sur rue et permettraient de toucher le consommateur en direct. Elles permettraient ainsi de développer et faire connaitre de nouveau produits quelque soit provenance de UE. A mon avis, cela peut répondre à la question du « BIO » et permettre au « paysan » de vivre de son produit. Une charte europenne pourrait être crée afin de garantir la traçabilité des produits : producteur/consommateur.
Je suis fils d’agriculteur et dans les année 70, ce type de coopérative existait dans le massif central (cantal)
Publié le 22 avril 2011 à 23 h 42 min par Margnat Eric
Certes c’est l’IAA qui produit et exporte et ramène des devises!
Mais ce n’est pas une raison suffisante pour que cela se fasse au détriment des producteurs de matière première!!!
MERCI de votre attention.
Publié le 22 avril 2011 à 12 h 52 min par david 01
n’oublions pas le circuit court pour alimenter nos collectivitées locales.
Publié le 22 avril 2011 à 8 h 52 min par GUIOT Franck
Garantir un revenu Minimum aux agriculteurs, soumis aux aléas trop brutaux des marchés de matières premières, à la hausse comme à la baisse . Il y’a de trop grandes fluctuations sur les cours des matières premières . Une péréquation Européenne s’impose. Les distributeurs agro-alimentaires appliquent les hausses de matieres premières au consommateurs, sans en appliquer les baisses. Au final, c’est toujours le consommateur qui paye de plus en plus, et toujours le producteur qui vends sa marchandise de moins en moins cher … est-ce normal ? je ne le crois pas .